- Qu’est-ce que l’orgasme ?
Il est difficile d’apporter une définition précise de l’orgasme, celui-ci étant relié à des dimensions aussi bien biologiques, psychologiques, sociales qu’émotionnelles. Il n’existe d’ailleurs pas à ce jour de définition universellement acceptée de l’orgasme.
L’orgasme est souvent défini comme une sensation de plaisir intense provoquant un état de conscience modifié, accompagné de contractions de la musculature des muscles striés à l’entrée du vagin qui amènent une sensation de bien-être.
L’orgasme reste donc un concept relativement difficile à définir d’autant plus qu’il peut être vécu de manière très différente selon les femmes. En effet, « les femmes présentent toutes les réponses possibles, depuis le calme plat jusqu’au tsunami rugissant » (Elise Brune).
- Evolution du concept d’orgasme au fil du temps
- Il a longtemps été attribué à la jouissance une fonction biologique. Celle-ci était utile à la reproduction et donc nécessaire à l’évolution. L’orgasme était ainsi condamné par la religion mais encouragé par les médecins.
- Au XIXème siècle s’opère un tournant car il est reconnu que la jouissance féminine n’est pas nécessaire à la reproduction, elle est donc mise de côté.
- Freud en 1905 établit une distinction entre l’orgasme vaginal qui serait selon lui un orgasme mature et l’orgasme clitoridien qui serait infantile.
- Anne Koedt dénonce cette jouissance normative et le fait que selon Freud, l’orgasme vaginal serait celui de la femme mûre qui a délaissé l’orgasme clitoridien, symbole de névrose et d’hystérie. A cette époque également, les femmes qui expriment leur désir sont considérées comme hystériques et la masturbation fait partie des traitements qui leur sont proposés.
- Dans les années 50, le terme de frigidité se développe pour parler des femmes qui ne ressentent pas d’orgasme vaginal.
- Masters et Johnson sont les premiers à étudier les réponses physiologiques sexuelles féminines et masculines dans les années 60 et objectivent scientifiquement l'orgasme féminin dans leur ouvrage « Les réactions sexuelles ».
- Publié en 1977 en France, le rapport Hite marque un tournant dans la vision de la jouissance féminine. En effet, l’orgasme féminin proviendrait essentiellement de l’excitation clitoridienne.
- Grâce à une vaste étude réalisée auprès de 3 000 femmes, Shere Hite remet en question un certain nombre d’idées reçues sur la sexualité féminine et place au centre du plaisir féminin, la stimulation clitoridienne avec ou sans pénétration vaginale.
- En 1982, Beverly Whipple et Alice Ladas vulgarisent le Point G en référence au sexologue allemand Ernst Grafenberg. En effet, ce dernier avait mis en évidence en 1950 une zone plus érogène sur la partie antérieure du vagin. Ernest Gräfenberg décrit une zone spécifique (partie antérieure basse du vagin, à 1-2 cm de son entrée constituée par les glandes de Skene et le tissu para-urétral).
- Dans les années 2000, le clitoris commence à être observé au scanner et à l’IRM. Les résultats de ces recherches montrent que l’essentiel du clitoris se situe à l’intérieur.
- Buisson et al. En 2008 va plus loin dans l’observation et met en évidence un complexe clitoro-urétro-vaginal, une zone de jonction entre les ramifications interne du clitoris, la paroi vaginale et l’urètre. Dans ces différentes observations, O. Buisson précise qu’on ne devrait plus parler uniquement du clitoris mais d’organe clitorido-urétro-vaginal au vu de l’interdépendance de ces organes entre eux. Le clitoris serait ainsi l’organe du plaisir féminin pouvant être source d’orgasme par stimulation externe ou interne. Elle avance ainsi l’existence d’un seul orgasme obtenu par des stimulations différentes mais identiques dans les manifestations physiques.
- Au fil de l’histoire, nous observons donc que se dégage le rôle prépondérant du clitoris. Les avis divergent sur la place du vagin et son importance quant au plaisir féminin. Le pourcentage de femmes qui parviennent à la jouissance par la pénétration vaginale uniquement est assez faible. Le point de départ serait donc clitoridien : le gland du clitoris contient environ 5000 corpuscules de Krause-Finger (Zwang G., 2019).
- Les données suggèrent fortement que l’orgasme serait une potentialité qu’une femme apprendrait à développer avec l’expérience, le temps et l’apprentissage.